Au
stade actuel de l'évolution, c'est une évidence
de dire que l'Homme est fondamentalement régulé
en homéostasie orthograde. Complexe et subtile alchimie de
rigidité squelettique et de viscoélasticité des
tissus mous mâtinée par nos émotions, la station
debout naturelle (dite posture orthostatique) permet de répondre
aux contraintes d'une vie incontournablement soumise à
la pesanteur terrestre.
Pour
élaborer et contrôler ces activités posturales
et cinétiques, le SNC fusionne les informations sensorielles
provenant des différents référentiels posturaux
(oil, oreille interne, soma) pour permettre: 1) de connaître
la position des différentes parties du corps les une par rapport
aux autres, 2) d'orienter et de stabiliser le corps dans le monde
qui l'entoure, 3) de résister à la mise en flexion
du corps par la gravitation, 4) d'installer progressivement une régulation
posturocinétique anticipée (feedforward), 5) de mettre
en ouvre les solutions qui permettront de corriger les erreurs
(feedback) pour garder une homéodynamie musculosqulettique,
neurovégétative, viscérale, émotionnelle.
adaptée aux circonstances. Pour une efficience optimale, ce
contrôle moteur est soumis, chez l'Homme, à des conditions
:
1) les informations neurosensorielles concernées doivent être
intégrées en temps réel (Bernstein)
2) le maintien actif de la station debout fournit en lui-même
l'information pertinente sur la verticale gravitaire (Stoffregren/Riccio)
: indivision perception-action.
3) le facteur gravitaire impose ses conditions, et tout changement
des conditions d'appui modifie l'intégration des afférences
sensorielles et les post-effets posturaux. . (Ecklund, Lackner, Levine,
Roll)
À contrario des disciplines habituellement enseignées
qui sortent l'Homme de son rapport gravitationnel fondamental
pour le soigner (malade habituellement couché), l'Orthopractie
intègre cette dimension physiologique en temps réel
et propose, à risque zéro (pas de levier, pas de vélocité.),
un "raccourci" thérapeutique étonnant, par
l'utilisation de techniques manuelles de facilitation orthograde
du canal somesthésique.
Si le motif des manipulations en chiropraxie se trouve dans la compression
nerveuse, et celles de l'ostéopathie dans la règle
de l'artère, l'une et l'autre raisonnent en terme
de "lésion structurelle", et utilisent des vecteurs
biomécaniques segmentaires (voire énergétiques
aujourd'hui) pour lever les contraintes. L'expérience montre
qu'elles sont limitées par l'utilisation de techniques manipulatives
en appui, qui excluent une dimension gravitaire pourtant fondamentale.
Personne, à ce jour, n'avait en effet exploré
(ou trouvé) la solution pratique qui consiste à mettre
le sujet en situation telle que le "vrai boulot " soit fait
en temps réel par le SNC. Cela sous-entendant que nous nous
attacherons beaucoup plus à l'intégrité fonctionnelle
des boucles neuronales, qu'à des "lésions"
de structure à l'existence énigmatique.
En orthopractie, les techniques de facilitation tissulaire placent
le sujet (et son système de contrôle moteur) en temps
réel au cour de la physiologie antigravitaire fondamentale.
Les tests (biomécaniques, ostéopathiques, posturaux,
kinésiologiques.) et les corrections qui suivent, sont
réalisées sur un sujet qui se tient dans sa meilleure
posture antigravitationnelle du moment (verticale spontanée).
Le sujet lambda se tient donc en station debout naturelle devant le
praticien à chaque fois que c'est possible ; les autres
(bébé, paraplégique.) sont laissés
dans leur physiologie antigravitaire du moment.
Le praticien se trouve enfin en prise directe avec la plainte globale
(et posturale) exprimée par un sujet qui devient à la
fois, son propre témoin et son propre acteur (autocorrection
spontanée). On se place donc dans le cadre de "manipulations"
neurosensorielles qui semblent s'apparenter à de véritables
normalisations des cartes corticales par le biais du canal somesthésique.
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